Opinions, Humeurs et Géopolitique

Originalité, entre autres, de la crise politique qui secoue depuis trois mois l’île de Madagascar : l’extrême discrétion des médiateurs dépêchés sur place par ces estimables institutions que sont l’Union africaine, l’Union européenne, l’Onu, la Banque mondiale etc…

Sans compter les initiatives isolées, comme celle de la France dont le représentant, Alain Joyandet, Secrétaire d’État chargé de la Coopération et de la Francophonie, a très tôt reconnu les limites de son action, affirmant : « Nous sommes venus, non pas pour apporter une solution, mais pour écouter, observer ». On pourrait en dire autant pour tous les autres médiateurs – et autres « bonnes volontés » – qui, chose rare, se sont abstenu d’émettre les habituels commentaires de « sortie de crise imminente » devant les micros de la presse. Les épisodes de la crise malgache se sont déroulés en dehors de tout schéma prévisible, et il faut bien reconnaître que les protocoles polémologiques de la Grande Ile comportent une dose de singularité qui devrait inciter les « spécialistes » de règlement de conflits à la modestie, voire à la révision de leurs méthodes à tout le moins discutables à l’aune de la diversité des profils des conflits en cours sur la planète. La médiation de conflits, qu’il faut désormais ranger dans le registre des « nouveaux métiers », promue à la fin des années 80, est la seule activité au monde relevant davantage de l’intuition et d’un art personnel, que d’une expertise codifiée. Les événements de Madagascar – qui pourraient se conclure par la chute d’un régime sous les coups de boutoir d’une opposition et d’une population dont nul n’a su évaluer les motifs ni prévoir les capacités d’action – viennent, une fois encore, souligner les limites des médiations dont les règles, la valeur disciplinaire et la raison d’être devraient être redéfinies et soumises à une expertise universellement identifiée.