Opinions, Humeurs et Géopolitique

Le blog de Francis Laloupo

Archives de Tag: Niger

Putsch nigérien

Ne boudons pas notre plaisir. Nous avons ici même, suffisamment condamné les dérives et la fuite en avant suicidaire du président nigérien Mamadou Tandja pour ne pas exprimer un rare sentiment de soulagement au moment où il quitte la scène politique, par la toute petite porte de l’Histoire. Bien entendu, nous aurions souhaité un épilogue différent que celui de l’intervention de l’armée, une fois de plus, dans le parcours du Niger.

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Ici aussi

Nous aurions pu, une fois encore, parler du Niger. Peut-être aurions-nous même désigné Mamadou Tandja, président « auto-reconduit » de ce pays, l’homme de l’année 2009. Pour s’être hissé, en faisant feu de tout bois, sur les cimes de la célébrité. C’est la surprise de l’année. A la veille de la nouvelle année, il aura même réussi à figurer au palmarès de l’humour politique. Après avoir méticuleusement assassiné la démocratie dans son pays en 2009, l’homme a déclaré sans sourciller le 27 décembre dernier : « L’étape qui va suivre sera celle de la construction du Niger. Elle nous permettra de faire avancer notre pays sur la voie de la démocratie et du développement… » On applaudit !…

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Coup d’Etat, façon Tandja

Bon, ce qu’il faut bien appeler un coup d’Etat constitutionnel est désormais consommé au Niger. Grand orfèvre de ce hold-up perpétré contre un pays et ses institutions : Monsieur Mamadou Tandja, chef de l’Etat qui, à quatre mois de la fin de son dernier mandat, a tout simplement décidé, comme un caprice, à travers un invraisemblable référendum, de demeurer au pouvoir… trois ans de plus. Et plus, si pas affinités avec l’humeur populaire.

Depuis le déclenchement du processus démocratique en Afrique, on a pu voir ici et là certains régimes rétifs à ce mouvement déployer des trésors insoupçonnés d’imagination pour détourner le cours de l’Histoire, et décourager toutes les velléités de changement de ces systèmes politiques qui ont conduit la plupart des pays du continent à la faillite.
Fraudes électorales, manipulations électroniques d’urnes, intimidations systématiques organisées à l’encontre des partis d’opposition, modifications grossières de la Loi fondamentale, détournements des règles du jeu au profit du pouvoir, et, nec plus ultra, fomentation de guerres civiles et instrumentalisation des clivages identitaires. Le chef de l’Etat nigérien, certainement entouré de « conseillers » particulièrement discrets et de diverses nationalités, vient d’innover en la matière, en ajoutant à cette sinistre liste de forfaits, un protocole inédit de détournement et de mise à mort des acquis démocratiques.
Comme toutes les autres atteintes précitées au processus de démocratisation – pourtant irréversible ! – en cours sur le continent, l’acte que vient de poser Mamadou Tandja n’est, ni plus ni moins, qu’un coup d’Etat, dans sa plus triviale expression. Inutile de recourir à des contorsions cérébrales pour qualifier autrement cette crise déclenchée par un homme dont le profil suscite désormais moult interrogations. Celui qui se voulait pendant plusieurs années « un homme discret » vient d’inscrire spectaculairement son nom dans les pages sombres de l’histoire de son pays. Un putschiste patenté. Sombre héros d’une sinistre entreprise aux conséquences incalculables.
Il est à craindre qu’il lui faille désormais compter avec un peuple dressé contre lui. C’est ce peuple-là, un temps méprisé et humilié, qui sera l’auteur des prochains épisodes de cette malheureuse aventure.

(19 août 2009)

Niger amer

Bon, l’opinion internationale l’aura compris : la crise politique déclenchée au Niger par le président Mamadou Tandja a dépassé les frontières d’une simple dérive pour emprunter les voies suspectes d’un funeste délire. Réagissant à la défiance de l’Assemblée nationale vis-à-vis de son projet de référendum en vue de prolonger illégalement son mandat, Tandja avait tout simplement dissout cette institution. Optant pour l’escalade, il décide de gouverner dorénavant par ordonnances et décrets.

Motif du recours à ces mesures exceptionnelles – valables essentiellement en cas de menace sur l’indépendance du pays – : « préserver les intérêts du peuple en toute circonstance ». On croit rêver, quand on sait qu’il est, lui-même, l’incarnation de toutes les menaces actuelles ! Tout en multipliant diverses manœuvres de contournement des institutions et orchestrant les actes d’intimidation à l’encontre des opposants, le président explose toutes les limites et prononce la dissolution de la Cour constitutionnelle, ultime obstacle dressé contre ses extravagances. Tandja est donc devenu un expert en dissolution. Réalisant, en cela, un record jamais connu dans les coups de force politiques. Face aux protestations qui fusent des quatre coins du monde, jusqu’où pourrait encore aller Tandja qui semble confondre le geste d’orgueil et ce qu’il considère comme « son » bon droit politique ? Après la dissolution de l’Assemblée, puis de la Cour constitutionnelle, les paris sont désormais ouverts : seul contre tous, bien déterminé à mener à terme sa dangereuse entreprise, il pourrait à présent décider de dissoudre le peuple et même… le pays.

(1er juillet 2009)

Alerte à l’ouest

On a pris l’habitude de penser que les turbulences, conflits et toutes formes d’instabilité politique et sociale, étaient l’apanage de l’Afrique centrale. Pourtant, depuis quelque temps, l’Afrique de l’Ouest, malgré ses remarquables avancées, notamment en matière de politiques d’intégration régionale, ne cesse d’accumuler de sérieux motifs d’inquiétude. Coup d’Etat en Mauritanie, assassinat spectaculaire d’un chef d’Etat en Guinée Bissau, putsch militaro-populiste en Guinée Conakry, incertitudes politiques au Sénégal, regain de tension en Côte d’Ivoire, crispation institutionnelle au Bénin, tentative de détournement de la Constitution par le président nigérien, rébellions touaregs au Mali et au Niger, règlements de comptes politico-familiaux au Togo.

S’il est vrai que l’Afrique de l’Ouest n’offre pas encore le spectacle de désolation et de brutalités extrêmes qu’on peut observer sous certains cieux d’Afrique centrale, la multiplication d’événements de plus en plus alarmants n’est pas de nature à préserver cette région de funestes escalades. La vigilance est plus que jamais de rigueur, et la région dispose encore de nombreux ressorts, souvent sophistiqués, pour se ressaisir et ne pas succomber à la tentation du pire. Osons encore dire que, là aussi, le pire n’est jamais sûr.

(15 avril 2009)