Opinions, Humeurs et Géopolitique

Le blog de Francis Laloupo

Archives de Tag: Révolution

Burkina Faso : Fin de parcours pour Blaise Compaoré

Blaise Compaoré avait choisi de déclarer la guerre à une partie de son peuple. A ceux qui, nombreux – la majorité des Burkinabé –, le mettaient en garde depuis plusieurs mois contre la tentation d’une présidence à vie, par le biais d’une modification de la Constitution. Nombreux furent aussi, ceux de ses « amis » qui, ayant été «consultés » avaient déconseillé à « l’homme fort » du Burkina Faso de franchir le Rubicon. Ce qu’il avait déjà osé par le passé n’était pas forcément reproductible. « Les temps ont changé, les populations sont plus averties qu’autrefois… », lui avaient avancé plusieurs personnes qu’il avait tenté de rallier à sa cause. De plus, cela faisait un moment, depuis la fin de la présidence de Jacques Chirac en France, que le dirigeant du Burkina Faso savait que la donne était en train de changer entre lui et ses protecteurs français. Peut-être même était-il devenu moins « nécessaire » pour Paris depuis l’accession au pouvoir de François Hollande avec lequel il entretenait des rapports purement formels, exempts de cette suspecte intimité dont il se vantait autrefois avec son « cher Jacques »… Mais Compaoré s’est, jusqu’au bout, refusé à se mettre au diapason des temps actuels.

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Notes d’Addis Abeba

La capitale éthiopienne – la plus élevée d’Afrique, et la quatrième plus élevée au monde culminant à près de 3000 mètres, où les températures d’un été espiègle sont plus proches d’un printemps frileux d’Europe que d’une saison sèche congolaise –  accueille depuis le 25 janvier, jusqu’au 1er février 2012, le 18e Sommet de l’Union africaine. Il y a un an, ici même, dans les couloirs du bâtiment accueillant la conférence des chefs d’Etat, nous regardions, diffusées en boucle sur les écrans de télévisions, les images de l’insurrection en Egypte… Après la chute, quelques jours plus tôt du régime de Ben Ali en Tunisie, nul n’imaginait alors l’issue de ces événements. Les responsables de l’Union Africaine manifestement tétanisés face à cette brusque accélération de l’histoire dans le Maghreb, incapables d’émettre alors le moindre jugement, nous avaient confié que « l’organisation panafricaine n’avait pas pour habitude de réagir à chaud à ce type d’événement ». Dans ce contexte, le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi, avait annulé sa visite, à la dernière minute, à ce Sommet, « pour suivre, disait-on, l’évolution de la situation en Tunisie et en Egypte ». L’observateur le plus inspiré n’aurait alors osé avancer que le régime de Kadhafi, était déjà, lui aussi, dans l’œil du cyclone. On connaît la suite de l’histoire… Depuis, après un discret mais salutaire examen de conscience, les instances concernées au sein de l’Union Africaine, ont engagé, comme nous l’appelions ici-même de nos vœux, un travail rigoureux, en vue d’une mise à jour des méthodes d’approche et de gestion des nouvelles crises politiques qui surgissent sur le continent depuis l’année dernière. L’UA, prise dans la bourrasque et la pression aussi imprévue qu’inédite des crises survenues dans le Maghreb, a su faire montre, à l’issue de la guerre en Libye, de sa capacité – que peu d’entre nous soupçonnaient – à opérer, en urgence et sans complaisance à ce nécessaire aggiornamento qui lui permet aujourd’hui de se présenter de nouveau debout, davantage même renforcée dans ses structures et ses ressources diplomatiques. Toutefois, dans les coulisses du siège de l’organisation, chacun reconnaît volontiers que l’organisation aura connu, en 2011, une saison de tous les dangers… Et, aujourd’hui, un nom a totalement disparu des conversations officielles : celui de Mouammar Kadhafi.

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Libye, le problème Sarkozy

En attendant que les armes se taisent en Libye, les différents acteurs du conflit ont commencé à faire leurs comptes, dans tous les sens du terme. Tandis que les responsables du Conseil national de transition (CNT) déploient des trésors de diplomatie pour obtenir le déblocage des avoirs libyens dans les banques occidentales, et alors que l’Onu s’inquiète des conséquences humanitaires du conflit, le pouvoir français s’applique à communiquer sur son « rôle central » dans la chute du régime Kadhafi. Le 1er août dernier, l’Élysée réunissait une soixantaine de délégations de haut niveau pour une « conférence internationale » portant sur la reconstruction de la Libye. Le matin même, une « fuite » savamment organisée laissait entendre que le CNT allait accorder à la France 36% de l’exploitation du pétrole libyen. Information fortement démentie par les nouvelles autorités libyennes. Démenti ensuite relayé par Paris. Triviale ambiance…

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L’aube libyenne et la brume des polémiques

Tout a commencé le 17 février dernier. Des opposants libyens appellent alors, via les réseaux sociaux, à une « Journée de la colère ». Le mois précédent, à Addis Abeba où je me trouvais à l’occasion du 16e Sommet de l’Union africaine, les délégations officielles, particulièrement économes en déclarations sur les événements en cours en Égypte, allaient s’étonner de l’annulation, la veille du sommet, de la venue de la délégation libyenne. Une absence d’autant plus surprenante que le colonel Kadhafi avait, ces dernières années, fait de cette grand’messe africaine la scène favorite de la démonstration de son influence… Nul n’aurait imaginé, à ce moment-là, qu’en Libye aussi, l’histoire allait basculer quelques petites semaines plus tard. En ce mois de janvier 2011, les représentants de la Tunisie « nouvelle et révolutionnaire » étaient venus expliquer aux délégations étatiques et aux journalistes présents au siège de l’UA, la trame et les desseins de leur « révolution ». Sur leurs visages radieux, les promesses, rares en ce lieu, d’une aube nouvelle.

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Tueurs en Syrie

Silence on tue… C’est une entreprise de répression planifiée, se déployant crescendo. Commencée comme une classique opération de sécurité publique, la répression en Syrie se révèle aujourd’hui, telle qu’elle était programmée par un régime rompu à l’orchestration de la violence politique : une offensive guerrière contre des manifestants aux mains nues. On a pu voir – grâce aux vidéos postées sur Internet – ces manifestants dire et répéter leur attachement à la non-violence. Et ceux qui, parmi eux, sont tentés de déroger à ce principe en se munissant d’objets de défense contre les forces de l’ordre, ont été régulièrement priés de s’en délester, avant d’être admis dans les cortèges. Les forces du parti Baas tirent sur des manifestants aux mains nues. Leur but : terroriser, tuer, et décourager, pour longtemps encore, toute velléité contestataire. Chez les baasistes, on ne discute pas, monsieur… on ne négocie pas… On tue.

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Crise libyenne – Une si vieille rancune…

C’est bien connu, Kadhafi cultive, clame et revendique une viscérale détestation de l’Occident. Cette haine avait trouvé dans la Guerre froide son meilleur champ d’expression. Les attentats de Lockerbie et du DC10 d’UTA constituèrent une étape cruciale de ce qui s’apparentait à la promesse d’une guerre sans fin. Au début de l’histoire, cette rancune fut le moteur de la « guerre de libération » qui l’amena au pouvoir. Elle alimentera sa « révolution » et sera la constante justification de son règne sans limite.

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