Opinions, Humeurs et Géopolitique

Le blog de Francis Laloupo

Archives de Tag: Etats-Unis

Palestine-Israël : la diagonale de l’Unesco

L’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco) a décidé, le lundi 31 octobre à Paris, de l’admission de la Palestine comme membre à part entière par 107 voix pour, 52 abstentions et 14 voix contre dont celles des États-Unis, de l’Allemagne et du Canada. Vives protestations d’Israël qui a annoncé « une riposte », notamment des sanctions visant l’Autorité palestinienne. Pour leur part, les États-Unis ont immédiatement mis leur menace à exécution en gelant le restant de leur contribution annuelle à l’Unesco, soit 60 millions de dollars sur les 80 millions (22% du budget) annuellement versés à l’organisation. On a pu noter à l’issue de la séance finale sur ce dossier, que ces réactions n’ont en rien émoussé l’enthousiasme et l’émotion des représentants des pays qui ont voté pour cette forme de reconnaissance de l’État de Palestine, qui intervient comme une réponse à la démarche effectuée, il y a quelques semaines par l’Autorité Palestinienne auprès de l’Onu, pour une admission de la Palestine en tant qu’État membre…

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Victoires américaines, injustices universelles, faillite des États…

Quelles leçons a-t-on tirées de la crise emblématique du 11 septembre 2001 ? On se souvient que, face à la conjonction des attentats d’Al Qaida et le déclenchement de la guerre américaine en Afghanistan, les dirigeants du monde s’étaient trouvés confrontés à deux courants d’opinions opposés : les « légitimistes » soutenant la riposte américaine et les « procureurs » qui, tout en condamnant l’horreur du 11 septembre, marquaient leur défiance à l’égard de la toute-puissance américaine. Rien n’a vraiment changé depuis. Dans le même temps, ces deux courants avaient en partage, obscurément, ce même sentiment : dans un monde où le fossé entre riches et pauvres ne cessait de se creuser, la logique de la guerre américaine – en Afghanistan et en Irak – ne pouvait se confondre à celle des déshérités de la planète.

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Le chaos, la compassion et la rivalité

Comment comprendre en plein chaos haïtien, l’indécente querelle relayée par les médias, dirigée contre les Américains accusés de s’arroger sans nuance le contrôle de l’espace de l’aide internationale en faveur d’Haïti ? Au moment même où les sauveteurs s’échinaient à Port-au-Prince, avec un rare courage, à rechercher d’éventuels survivants sous les décombres, en France, devant les micros des journalistes, certaines « voix autorisées » ont cru bon critiquer « la manière américaine », remettant au goût du jour ce bon vieux fond d’antiaméricanisme qui sommeille dans le subconscient national français. Les Américains ont pris le contrôle de l’aéroport de Port-au-Prince devenu une zone de désolation – et de tous les dangers – après le séisme ? Oui, et alors ?

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Danse avec les dingues

L’autre Amérique, celle qui ne pouvait concevoir qu’un Noir siège à la Maison Blanche, était restée, un temps, tétanisée par la victoire d’Obama. Une fois le choc digéré, cette Amérique s’est réveillée. Et montre de nouveau son visage. Hideux, haineux, viscéralement raciste. Dieu ne s’est pas arrêté en Alabama : le racisme est toujours vivant. Ordinaire, archaïque, débile. Son empire contre-attaque, libérant ses plus délirantes pulsions : sur les pancartes, Obama est peint en sorcier africain, un os en travers du nez, représenté en fourrure de singe, mangeant – accessoire de rigueur ! – une banane…

Sur les écrans de télévision ou dans des émissions de radio, prenant prétexte de la réforme sur l’assurance-santé d’Obama, les adversaires du président n’hésitent plus à désigner la couleur de sa peau comme la « source du mal ».
L’ancien président démocrate Jimmy Carter ne s’y est pas trompé, en déclarant il y a quelques jours : « Je vis dans le Sud, et j’ai vu le Sud faire beaucoup de chemin. Mais cette tendance raciste existe toujours et je pense qu’elle est remontée à la surface en raison d’un sentiment partagé par beaucoup de Blancs, pas seulement dans le Sud mais dans l’ensemble du pays, selon lequel les Afro-Américains ne sont pas qualifiés pour diriger ce grand pays.» Tout est dit. Un confrère américain estimait, en novembre dernier, que l’élection d’Obama offrait à son pays l’opportunité d’une « conversation nationale avec le racisme ».
Ce tête-à-tête conjuratoire de l’Amérique avec elle-même affiche à présent son bilan : tout a changé, et rien ne change au pays de l’Oncle Sam. Moins d’un an après l’accession d’un Noir à la Maison Blanche, le débat politique se réduit donc à la question raciale. Il faut se garder de sous-estimer la capacité de nuisance de l’irruption de tels sentiments, forcément irrationnels, dans le champ politique. Ces passions mauvaises, aujourd’hui déchaînées, pourraient s’amplifier durant le mandat du président noir. Et miner son élan. Déjà, on peut prévoir que cette question raciale, sera, une fois de plus, au rendez-vous de la prochaine présidentielle américaine, dans trois ans.
Pour espérer durer aux commandes de l’Etat, Obama devra donc multiplier des gages d’une « légitimité ethnique », en faire deux fois plus qu’un président américain blanc. En somme, « justifier sa place », à l’instar de tous les Noirs à travers le monde, minoritaires dans une société blanche. Pour gouverner, il sait maintenant qu’il devra s’appliquer à ajuster ses pas à chaque instant, dans cette danse engagée avec les plus fêlés de ses concitoyens.

(24 septembre 2009)

Cette part sombre de l’Amérique…

On le savait : l’élection de Barack Obama à la Maison Blanche n’allait pas transformer l’Amérique en un monde idéal, soudain débarrassé de toutes ses tares qui ont pour noms violences sociales, individualisme forcené, racisme ordinaire et endémique… Le pire de l’Amérique s’invite de nouveau dans l’actualité, à l’occasion du vif débat sur la réforme de la couverture santé (Health Care), l’une des grandes promesses électorales du président Obama. Certains opposants à cette réforme ont donc décidé ces jours-ci de nous jouer une nouvelle version de « Ku Klux Klan, le retour »,…

…En multipliant les menaces les plus odieuses à l’encontre du président américain et de tous ceux qui, comme lui, seraient tentés de faire passer une réforme qu’ils associent à un « complot communiste ». Le tout, mâtiné de propos racistes que ne renieraient pas les partisans de la ségrégation des années 50. David Scott, représentant démocrate de Géorgie, un Noir, a eu droit à une croix gammée peinte sur la façade de son cabinet d’avocat à Smyrna, une banlieue d’Atlanta. Auparavant, le politicien avait reçu plusieurs lettres à caractère ouvertement raciste présentant par ailleurs Obama comme un communiste. Dans ce même registre de l’ignoble, les opposants au projet ont attaqué Arlen Specter, un sénateur républicain qui s’est rallié au camp démocrate sur ce dossier, avec des arguments proprement insoutenables, n’hésitant pas à déclarer que sans le système de protection actuel, ce parlementaire, qui est atteint d’un cancer, « ne serait plus là pour défendre » le nouveau projet qui devrait étendre la couverture santé aux plus grand nombre, principalement les plus démunis. En réponse à ces fous furieux qui ramènent le débat démocratique au plan du caniveau, Barack Obama s’est adressé à ses compatriotes les invitant à « ne pas écouter ceux qui cherchent à effrayer et égarer le peuple américain », tout en précisant : « Parmi toutes les techniques visant à vous effrayer, il y en a une vraiment effrayante, qui consiste à ne rien faire ». Si Obama symbolise la victoire de la démocratie, l’on sait que nulle part, en ce bas-monde, les multiples vertus de ce système politique – « le pire à l’exception de tous les autres », comme disait Winston Churchill – ne sont pas encore parvenues à faire reculer les plus redoutables manifestations de la connerie humaine.

(12 août 2009)