Opinions, Humeurs et Géopolitique

Crise financière mondiale, dit-on. Mondiale, non pas parce qu’elle touche l’ensemble du monde, mais parce que déclenchée aux Etats-Unis d’Amérique, suivis par les pays occidentaux, et dont les conséquences pourraient s’étendre à l’ensemble du globe.

Mais est-ce encore vrai que cet Occident en crise – crise de système – détient encore les clés du sort du monde ? En Asie, en Amérique Latine, en Afrique ou en Océanie, cette crise, pour l’heure, ne produit pas les mêmes effets et n’entraînera pas les mêmes conséquences qu’en Europe et aux Etats-Unis. Le terme « mondial » devient dès lors inapproprié, et terriblement abusif. Comme l’on continue de qualifier de « Guerre mondiale » un conflit qui fut, de 1939 à 1945, pour l’essentiel une affaire européenne et que la toute-puissance occidentale a fait, pour ainsi dire, endosser par le reste du monde comme une cause universelle. Plus près de nous, lorsque la République démocratique du Congo fut pris dans un conflit, de 1997 à 2002, les Congolais avaient fait montre davantage d’humilité : ils désignèrent cette tragédie dans laquelle une douzaine de pays du continent se sont impliqués à divers niveaux, comme « la première guerre mondiale… africaine ». La crise financière, compte tenu de ses causes et des responsabilités qui y sont liées, est avant tout une affaire occidentale. C’est la crise d’un système qui signe la faillite d’une pensée économique triomphalement prônée et exécutée depuis des années et qui fut imposée aux pays africains notamment, en dépit souvent du simple bon sens. Cette crise illustre, aussi simplement que tragiquement, la défaite d’une pensée unique, conquérante, agressive et arrogante érigée bien trop longtemps en vérité universelle.