Opinions, Humeurs et Géopolitique

Le blog de Francis Laloupo

Strapontin africain

Il est des jours où l’on n’aimerait pas être à la place des responsables de l’Union africaine. Juste avant la tenue du Sommet du G20 du 1er 2 avril dernier à Londres, l’UA avait tenu à publier un communiqué confirmant sa présence à ce rendez-vous. Le premier ministre tanzanien Meles Zénawi et Jean-Ping, président de la Commission de l’UA, seraient les porte-voix d’une Afrique jusqu’ici marginalisée dans les grandes instances auto-désignées thérapeutes de la finance mondiale souffreteuse.

Où donc sont passés les représentants de l’Afrique pendant le sommet? Furent-ils cantonnés dans les coulisses ? Ont-ils juste eu droit aux antichambres, aux vestibules ou aux salles d’attente ? Il paraît qu’ils ont eu l’occasion d’exprimer leurs attentes à quelques grands de ce monde. En catimini. Hors des objectifs des caméras et des micros de la presse. Qu’ont-ils été faire dans ce cénacle où les participants officiels se sont donné pour mission de « secourir le capitalisme » ? Merveilleux programme ! Etait-il vraiment nécessaire de se rendre à Londres pour simplement écouter, comme la multitude, un communiqué aussi final que polysynthétique ? Quel résultat pour l’Afrique ? Le FMI sera doté de 1100 milliards de dollars supplémentaires pour le renforcement de ses structures et de ses missions. Cette somme devrait permettre à l’institution internationale de « prêter 20 milliards de dollars aux pays les plus démunis, comme la République centrafricaine et la Côte d’Ivoire. » Voilà pour l’Afrique. Et j’ai même rencontré des Africains heureux de cette annonce ! Quid de la « voix de l’Afrique »  et de ses propositions spécifiques ? Question incongrue…

Au début de la crise financière en décembre dernier, l’on se réjouissait partout en Afrique de pouvoir enfin se demander, à haute voix, à quoi sert le FMI, eu égard au bilan de ses actions FMI à travers le continent. Occasion historique pour affirmer qu’il devenait vital pour les économies africaines de s’en émanciper, et d’introduire dans les rapports entre les institutions de Bretton Woods et les Africains de nouveaux modèles de négociations. A ces questions et attentes, aucune réponse à ce jour. Le FMI, pourtant fortement critiqué par les Africains, est présenté, ironie de l’histoire, comme « la grande gagnante du sommet du G20 ». Autant dire que l’Afrique devra encore se contenter de regarder passer la caravane de ceux qui décident pour elle. Sans se donner elle-même les moyens de se hisser au balcon du monde.

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