Opinions, Humeurs et Géopolitique

Le blog de Francis Laloupo

La légende Obama

Le journaliste étant un « sceptique professionnel », quoi de plus normal de voir certains confrères, en Europe et aux Etats-Unis s’efforcer de résister à la passion mondiale pro-Obama ? Ne serait-ce que pour ne pas succomber à l’apathie. En principe, un journaliste ne s’intéresse qu’aux trains qui n’arrivent pas à l’heure. Problème : il faut bien reconnaître que le train Obama n’a accusé jusqu’à présent aucun raté.

Une mécanique tellement irréprochable qu’elle en devient étourdissante. Lors de son séjour en avril en Europe –Sommet du G20 et visite au siège de l’Otan à Strasbourg – les caméras du monde entier ont guetté, aux confins de l’indécence, le moindre geste de l’élu américain. Les micros se sont faufilés dans les moindres interstices des réunions au sommet, pour traquer la phrase la plus anodine de l’homme le plus observé au monde. Même les Africains qui n’avaient pas coutume de s’intéresser à ce type d’événements – le G20 est moins populaire qu’une bataille électorale – ont, les yeux rivés sur les écrans de télévision, suivi les moindres mouvements de leur Obama. « Premier test international réussi », diront les commentaires. Pourtant, Barack Hussein Obama n’est pas reparti triomphant, n’ayant pas obtenu pleine satisfaction pour toutes les exigences de son gouvernement, aussi bien au G20 qu’auprès des membres de l’Otan. Mais le commentateur retiendra que ces demi-succès illustrent la nouvelle marque d’une Amérique, non plus impériale, mais solidaire. Non plus arrogante, mais à l’écoute de ses partenaires. Même si Obama n’a cessé de réaffirmer son attachement au leadership de l’Amérique, compatible, selon lui, avec la restauration d’un monde multipolaire. Exercice d’équilibrisme éblouissant ! Mais même à cela, l’opinion mondiale semble répondre en chœur qu’un leadership américain sous l’égide d’Obama ne saurait être que de bon augure pour le monde ! En trois mois, Barack Husssein Obama aura tenu, sans faille, la première promesse, centrale, de sa campagne : rendre l’Amérique à nouveau « aimable » aux yeux du monde. Repoussés dans les limbes, les deux mandats de George W. Bush. Un renversement de tendance spectaculaire. Un sans-faute qui force l’admiration et révèle au monde un dirigeant d’une rare densité. Il y a peu, un journaliste américain interrogé par un confrère français soucieux de détecter la « faille » dans « ce parcours sans-faute », répondait : « Le secret de cette popularité, est que Obama nous ressemble, et les Américains disent qu’il est ce que nous aspirons à être ». Un autre confrère américain renchérissait : « Il n’y a pas si longtemps, les Américains redoutaient chaque propos tenu par le président Bush, ils n’étaient pas fiers, se sentaient mal aimés à travers le monde. Aujourd’hui, ils se lèvent chaque matin et demandent avec fierté : que va nous dire Obama aujourd’hui ? ». Si les esprits sceptiques soulignent à juste titre qu’on en est qu’aux débuts d’un mandat, l’intérêt exceptionnel suscité par cet homme, qui transcende les frontières des Etats-Unis d’Amérique, et qui semble ne jamais faiblir, relève en soi du phénomène. Et ce début de mandat ressemble bien à la naissance d’une légende. Un seul homme avait, avant Obama, suscité dans l’histoire récente cette forme d’élan unanime d’adhésion à travers le monde. Son nom ? Nelson Mandela. Et la légende continue.

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