Opinions, Humeurs et Géopolitique

Le blog de Francis Laloupo

L’impossible Monsieur Andry Rajoelina

Un chef d’Etat sévèrement discrédité, une population qui lui rappelle qu’une élection ne saurait être un chèque en blanc prétexte à toutes les dérives ; une opposition qui se rappelle qu’il n’existe pas de petits profits en politique et décide d’instrumentaliser la colère populaire pour parvenir à ses fins. Jusque là, tout va bien, pourrait-on dire. Jusqu’au moment où survient le malaise.

Quand l’opposant et ennemi intime du pouvoir, le sieur Andry Rajoelina se prend au jeu et pense que son heure est venue de… devenir président à la place du président Marc Ravalomanana. Ce qui aurait pu être considéré comme une insurrection populaire – avec sa charge de légitimité – s’est transformé en un trivial coup d’Etat, même si, dans ce cas singulier, l’intronisation de l’homme qui s’est saisi du pouvoir s’est entourée de précautions « constitutionnelles » tout en bénéficiant du soutien de l’armée. Si nul ne regrette la chute de Marc Ravalomanana, force est de constater que le nouveau maître de Madagascar, Andry Rajoelina, a accumulé les maladresses les plus grossières au point de ramener aujourd’hui la situation à la case départ. Du coup, son adversaire chassé du pouvoir se prend à espérer un match retour, gonflé par ses partisans qui exploitent, à juste titre, toutes les failles du pouvoir autoproclamé. A l’heure actuelle, confronté à son tour à la contestation, Andry Rajoelina accepte de se plier aux négociations avec les partisans de son adversaire en exil. Considéré, il a peu, par l’opposition comme « la solution » au problème malgache, Andry Rajoelina en est bien devenu le problème. Après les nombreuses maladresses commises durant l’insurrection qui a provoqué la chute de Ravalomanana, l’erreur fatale fut, pour Rajoelina, de s’autoproclamer président au lieu de laisser une instance collégiale gérer la transition, quitte à se retrouver, plus tard, au centre du jeu. Concomitamment, décréter une (longue) transition de deux ans, ne pouvait qu’affoler les esprits les plus acquis au soulèvement des Malgaches contre Ravalomanana. S’il est vrai que Andry Rajoelina a été surnomme « TGV » du fait de sa fulgurante réussite dans le monde des affaires, il semble s’être, cette fois, trompé de dossier, confondant prise de position dans une entreprise et OPA sur le pouvoir politique. Il aura tout le temps d’apprendre que les règles de la politique sont aux antipodes de celles du monde des affaires. Alors, le TGV pourrait bientôt se retrouver au musée du souvenir.

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