Opinions, Humeurs et Géopolitique

Le blog de Francis Laloupo

L’invention des « apatrides »

[ Publié en exclusivité sur LSI AFRICA le 19 Novembre 2024 https://t.co/i1u024uPb8 ]

Comment la déchéance de nationalité devient une nouvelle arme d’exclusion des adversaires de certains régimes africains… Voici venu le temps des machines à produire des « apatrides ».

Les coups d’État intervenus au cours des quatre dernières années sur le continent continuent de livrer leur lot de nouveautés. Entre autres, une forme inédite de bannissement de la Cité infligée aux adversaires désignés des pouvoirs militaires. Au Burkina Faso, toute personne repérée comme contradicteur, critique ou opposant déclaré du régime du capitaine Ibrahim Traoré est désormais rangé dans la catégorie des « apatrides ». Cette élection au statut d’apatride est annoncée sur les réseaux sociaux qui tiennent lieu de tribunal populaire aux affidés des dirigeants putschistes. Cette sentence, signifiée au concerné et assortie de la qualification d’« agent de l’étranger », l’exclut sans délai de la communauté nationale. Aux Burkinabè de l’extérieur frappés de cette sanction sans procès, la cause est entendue : ils sont logiquement contraints à l’exil, étant entendu que tout séjour dans leur pays les exposerait aux peines réservées aux « déviants ». A savoir, la prison, la disparition forcée ou la déportation sur les théâtres de combat contre les groupes terroristes.

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Donald Trump, Africain malgré lui

[Publié en exclusivité sur LSI AFRICA le 11 Novembre 2024 – https://t.co/NJlT3VFTUL ]

Comment expliquer que l’homme qui exprimait son grossier mépris pour les pays d’Afrique, il y a six ans, compte aujourd’hui de nombreux admirateurs sur le continent ? A quoi pourrait ressembler la diplomatie américaine au cours du nouveau mandat de Donald Trump ? 

Les électeurs américains ont donc fait leur choix. Démocratiquement. Donald Trump qui avait tant diffusé le doute sur la transparence du scrutin en a accepté les résultats qui lui accordent une large victoire. Et ses adversaires, respectueux des règles de la démocratie électorale, se sont inclinés devant le verdict des urnes. Calmes lendemains d’élection aux États-Unis, bien loin de la tentative de putsch orchestré, il y a quatre ans, par un mauvais perdant nommé Donald Trump… Héros d’une certaine Amérique, ce dernier serait peut-être surpris de savoir qu’il compte aussi de nombreux admirateurs à travers le continent africain. Pas rancuniers, ces Africains épris de Trump n’ont pourtant pas oublié qu’au cours de son premier mandat, le dirigeant américain avait, en janvier 2018, qualifié plusieurs pays africains, ainsi que Salvador et Haïti, de « pays de merde ». Son propos avait, à l’époque, suscité une vague de condamnations, jusqu’au sein de l’ONU qui l’avait jugé « choquant et honteux ». L’Union africaine s’était indignée de ces « remarques blessantes et dérangeantes », tandis que les ambassadeurs du groupe africain à l’ONU avaient exigé des excuses pour ces « paroles scandaleuses, racistes et xénophobes ». Six ans plus tard, de nombreux partisans de Trump sur le continent ont accompagné le sombre bateleur américain de leurs soutien et encouragements.

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AES – Cédéao : Comptes à rebours

[ Publié en exclusivité sur LSI AFRICA le 27 Octobre 2024https://t.co/6cEIDbs3nN ]

Le retrait annoncé du Mali, du Burkina Faso et du Niger de la Cédéao sera définitivement acté le 28 janvier 2025. A trois mois de cette échéance, quelle est la situation socio-économique dans ces pays ? Quelle vision stratégique commune pour l’Alliance des Etats du Sahel ?  

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Mali : La diplomatie de l’injure

Publié en exclusivité sur LSI AFRICA le 10 Octobre 2024 – https://t.co/7wgVy1nZeV ]

Une fois encore, le colonel Abdoulaye Maïga, porte-parole du gouvernement malien, s’est illustré à la tribune de l’Onu par des propos outranciers, destinés notamment à l’Algérie. Pour les représentants de la junte malienne, l’injure et l’invective sont devenues un ingrédient indispensable du discours politique.

En temps ordinaire, les représentants des régimes issus de coups d’Etat se contentent de faire profil bas lorsque l’occasion leur est donnée d’assister à des événements internationaux. Les putschistes « nouvelle génération » du Sahel ne souscrivent pas à cette élémentaire obligation, optant, depuis le début de leur aventure, pour la surenchère et l’excès. Ce fut le cas, une fois encore, lors de la 79ème Assemblée générale des Nations Unies qui s’est tenue fin septembre à New-York. Très remarqué, le discours du colonel Abdoulaye Maïga, ministre d’Etat et porte-parole du gouvernement du Mali. En termes choisis, et assuré de l’effet de ceux-ci sur son fan-club local, il a réservé ses meilleures tirades à l’Algérie. Critiquant vertement la position de ce pays à l’égard du conflit qui oppose l’armée aux mouvements rebelles dans le septentrion malien, il n’a pas hésité à qualifier le ministre algérien des Affaires étrangères et le représentant permanent de l’Algérie auprès de l’ONU d’« énergumènes diplomatiques ». Le choix des mots…

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Guinée : La tentation du général

Publié en exclusivité sur LSI AFRICA le 27 Septembre 2024 – https://www.lsi-africa.com/fr/actualite-africaine/edito-guinee-tentation-mamadi-doumbouya.html ]

Climat tendu en Guinée, où la probable candidature de Mamadi Doumbouya s’invite au cœur de l’actualité. Après avoir commis un putsch pour « rétablir l’ordre démocratique », le général sera-t-il, à son tour, accusé de confisquer le pouvoir d’Etat ?

« Je m’engage à rendre le pouvoir aux civils à l’issue de la transition, fin 2024 […] Nous allons bien sûr organiser la transition mais nous ne ferons pas partie de l’après-transition. Pour nous, c’est clair et ça doit l’être. » Ainsi parlait, en février dernier, Mamadi Doumbouya, colonel élevé au grade de général au cours de la transition. Celui qui, en septembre 2021, a mis fin à la dérive autoritaire et à la tentation d’une présidence à vie d’Alpha Condé jurait alors, devant le peuple, qu’il ne resterait pas un jour de plus au pouvoir, à la fin de la transition. Entre-temps, la durée de cette transition est devenue incertaine. La junte militaire a multiplié les signes d’un raidissement de l’appareil à l’égard des libertés publiques. Au fil des mois, la Guinée est devenue l’enfer des journalistes et des Guinéens suspectés d’émettre une parole différente de celle prescrite par le régime. Dans un pays où les manifestations ont été interdites par la junte militaire, « on n’arrête plus les opposants, on les fait disparaître », confie un journaliste de Conakry.

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Alliance des Etats du Sahel : Morose anniversaire

Publié en exclusivité sur LSI AFRICA le 19 Septembre 2024 – https://t.co/FaR5paYmIY ]

Premier anniversaire de la création de l’Alliance des Etats du Sahel (AES) sous le signe de la morosité et du scepticisme. Bilan d’étape de cette organisation qui a choisi de prendre ses distances avec la Cédéao.

Ce 16 septembre marquait le premier anniversaire de l’Alliance des Etats du Sahel, devenue, entre-temps, une confédération des trois Etats du Mali, Niger et Burkina Faso. S’agissant du bilan laborieusement exposé dans les discours des dirigeants et relayés par les propagandistes assermentés, rien qui puisse susciter l’enthousiasme des foules. Lors de la création de cette Alliance, suivie du retrait des trois pays de la Cédéao (Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest), ses initiateurs promettaient « un pacte de défense mutuelle visant à lutter contre le terrorisme et à contrer toute menace de rébellion ou d’agression extérieure ». Sur ce point, le bilan est diversement évalué. Alors que les inconditionnels de l’AES le jugent « satisfaisant », les plus indulgents l’estiment « mitigé ». Au-delà de ce léger strabisme divergent, la réalité apparaît bien plus alarmante. Au Mali, comme au Burkina Faso et aussi au Niger, la macabre comptabilité des victimes des assauts terroristes ne cesse d’affoler les observateurs et experts des situations de conflits. Ainsi, en juillet dernier, ACLED (Armed Conflict Location & Event Data) indiquait une augmentation sensible du nombre de victimes civiles au Sahel au cours du premier semestre 2024. Plus de 3 000 morts, dans des attaques ciblées, entre janvier et juin 2024. Dans les trois pays, les attaques ont augmenté de près de 48% entre 2022 et le premier semestre 2024, selon les chiffres croisés de différents rapports.

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