Opinions, Humeurs et Géopolitique

Le blog de Francis Laloupo

Côte d’Ivoire, Guerre civile

Il est étonnant d’entendre les médias invoquer indéfiniment des « risques de guerre civile » en Côte d’Ivoire. Autre variante de cette convulsion répétitive : « La Côte d’Ivoire est au bord (sic) de la guerre civile ». Au vu des derniers développements de la situation observés sur place, et que les opinions internationales découvrent chaque jour sur les écrans de télévision, l’on se demande ce qu’il faudrait de plus, pour constater sans détour et sans contorsions verbales, que la guerre civile est déjà en cours en Côte d’Ivoire.

 

Affrontements entre deux camps clairement identifiés, actes de guerre certifiés, embarras des forces de l’Onu prises au piège des violences croisées, des centaines de morts et blessés dénombrés, l’exode massif des populations vers des zones plus sécurisées, sans compter l’effrayant déchaînement des médias de la haine… Ces éléments, additionnés, s’apparentent-ils à une simple revendication syndicale ? A une « manif » de fin de semaine ? A seulement quelques échauffourées sans suite ? Non, évidemment. Tous les ingrédients sont réunis pour prendre acte d’un conflit armé de moyenne et haute intensité en Côte d’Ivoire. Une guerre civile où les armes lourdes, les machettes et les bombes artisanales s’entrechoquent, alors même que la volonté proclamée des deux camps qui s’affrontent est d’en découdre l’un avec l’autre…

Depuis deux semaines, le conflit ivoirien est monté de plusieurs crans. Et pourtant, l’on se garde d’admettre officiellement l’identification et la qualification exactes de la situation. Étonnant, cet article de RFI qui relève que « l’Onu craint une plongée dans la guerre civile et pointe 200 000 personnes déplacées rien qu’en une semaine, dans le quartier Abobo d’Abidjan. » Comme si le seul exode de 200 000 personnes n’était pas un symptôme suffisant d’une guerre civile.

La Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH), après avoir dépêché une mission à Abidjan, cite dans son rapport un habitant d’Abidjan décrivant ainsi le contexte : « Les combats sont incessants. Depuis deux jours, je n’ai ni eau, ni électricité. Nous ne sortons presque plus. Tout est devenu compliqué : les écoles sont fermées, le marché est quasiment désert et les prix ont explosé. Même se nourrir devient impossible »… Pourtant, tout en estimant que « la situation en Côte d’Ivoire est extrêmement grave », la FIDH conclut dans ce document que « de nombreux indices indiquent les prémices d’une guerre civile ». Vous avez dit « prémices » ?… Comment expliquer cette prudence généralement observée par les observateurs et les commentateurs ? Ce refus de nommer la vraie nature des faits en Côte d’Ivoire ? En la niant, on favorise, malgré soi, le pourrissement et la continuelle aggravation de la situation… Combien de victimes faudra-t-il dénombrer avant de reconnaître que la guerre civile est en cours en Côte d’Ivoire ? Combien de victimes avant que l’on se décide enfin à élaborer et exécuter les solutions adéquates pour y mettre fin ?

Les différents médiateurs du conflit ivoirien ne sauraient prétendre résoudre un schéma polémologique en refusant d’en définir précisément les contours. A moins d’avoir choisi, sans l’admettre, de se transformer en simples comptables du pire. Comment croire que l’on peut appliquer la juste solution à une crise, si l’on persiste à en nier le diagnostic ? Le conflit de basse intensité qui a éclaté au lendemain de l’élection présidentielle est désormais révolu. La crise ivoirienne agit aujourd’hui bien-au-delà d’un simple contentieux postélectoral. Alors que les médiateurs – l’Union africaine en tête – continuent, avec une sidérante obstination, à produire des recommandations inadaptées à un conflit dont la nature a changé, tous les protagonistes de cette crise, ainsi que les populations de Côte d’Ivoire savent, eux, que la logique du pire se déploie déjà dans leur pays…

Nier cette réalité relève désormais d’un refus d’apporter la juste assistance à un peuple en danger.

2 réponses à “Côte d’Ivoire, Guerre civile

  1. simon elharrar 10 mars 2011 à 21 h 21 min

    Les médias évoquent …
    Ouatara est sorti du pays et Laurent veut l’empêcher d’y revenir en avion.
    On pensait que le « départ » de Bongo allait clarifier la situation de cette région du monde …
    Nous sommes biens naïfs, avec nos espoirs et nos utopies.
    A noter que la France, trop occupée en Lybie, ne réclame plus de « normalisation » en Côte d’Ivoire.
    Une actualité chasse l’autre, et plus elle est brûlante plus le peuple qui regarde l’écran se réjouit, hélas.
    Francis, Président !
    Orphée, Premier !
    Arsène, Palabreur !

  2. simon elharrar 18 mars 2011 à 17 h 46 min

    depuis hier soir : la lybie, oui et la côte d’ivoire, non
    et laurent continue le massacre …

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