Opinions, Humeurs et Géopolitique

Le blog de Francis Laloupo

Côte d’Ivoire, triviale affaire

Quelques mots sur la situation de crise en Côte d’Ivoire, qui n’a que trop suscité des passions médiocres et des débats de piètre aloi. Juste quelques mots pour dire qu’il est grand temps que l’on s’en tienne à l’essentiel. Si le commentaire est libre, les faits sont têtus. Que les propos débridés et l’abondante littérature qui accompagnent, exacerbent, contournent et détournent la réalité actuelle en Côte d’Ivoire, s’apaisent enfin, pour simplement aider les Ivoiriens à retrouver une vie ordinaire, débarrassée de la peur, de la misère qui frappe aux portes, et des violences multiformes. Que tous les « penseurs » et tous les littérateurs de la crise ivoirienne fassent l’économie de leurs précieuses énergies et intelligences. L’engagement politique et idéologique est autrement, et plus utilement sollicité ailleurs, à maints endroits du continent africain, et au-delà.

Bien entendu, cet appel ne concerne pas les affairistes de tout poil qui ont trouvé dans la crise ivoirienne le moyen de jouir de prébendes inespérés, à peu de frais. La crise ivoirienne a créé des débouchés insoupçonnés à nombre d’aventuriers, inopinément transformés en analystes politiques… Misère des temps de crise… Non, je m’adresse à tous ceux qui, sincèrement sensibilisés à la situation ivoirienne, se sont, de bonne foi, impliqués dans un soi-disant « combat idéologique », ignorant souvent la genèse du drame qui s’est noué durant ces dix dernières années dans ce pays. On ne peut comprendre une histoire en la lisant à l’envers ou par la fin. Disons-le ici, sans ambages : pour qui a observé les épisodes successifs et les coulisses de la crise qui déchire la Côte d’Ivoire depuis une dizaine d’années, ce qui se produit aujourd’hui ne recèle aucun contenu « idéologique ». Rien d’autre qu’un affrontement politique entre clans. Rien de plus que la trame singulière d’un contentieux électoral. Et il devient épuisant d’entendre les thuriféraires de Laurent Gbagbo, exalter, en des envolées stériles, un « combat anticolonial » prétendument mené par leur mentor, quand ils n’hésitent pas, avec un mysticisme suspect, à invoquer le combat de l’archange contre le dragon. Fera-t-on encore longtemps injure à tous ceux qui, depuis plus d’un siècle ont mené, à travers l’Afrique, de grandes et décisives luttes pour l’émancipation de ce continent, en associant leur mémoire aux viles manœuvres politiciennes qui se déroulent actuellement en Côte d’Ivoire ?

Une banque braquée par des hommes en uniformes et en armes fin janvier pour le compte du clan Gbagbo. Des banques étrangères réquisitionnées par le même clan pour alimenter ses caisses menacées de sécheresse. Une manifestation de soutien à Alassane Ouattara réprimée dans le sang le 5 février dernier… Banalisation de la violence, comptabilité macabre des victimes, peur sur la ville… C’est à cette obscène dimension que se réduit la crise ivoirienne… A quoi servira le rapport du panel de chefs d’État désigné par l’Union africaine pour tenter, une fois de plus, de résoudre la crise ? A rien. En tout cas, rien dans le sens souhaité par l’UA et la Cedeao, à savoir « le départ négocié et sans humiliation » de Laurent Gbagbo. A quoi auront servi toutes les médiations engagées depuis décembre par les instances africaines ? A renvoyer les Ivoiriens à eux-mêmes. Le temps passant, et tout compte fait, il faudra bien se rendre à cette évidence : la solution à la crise viendra des Ivoiriens eux-mêmes, et eux seuls… La question est de savoir à quel prix.

5 réponses à “Côte d’Ivoire, triviale affaire

  1. akouala atipault alain 21 février 2011 à 6 h 50 min

    Excellent!

    • bernard 21 février 2011 à 18 h 10 min

      mr laloupo ne nous a pas habitués à ce genre d’articles insipides et totalement partisans. s’il y en a qui mangent comme il le suggère chez quelqu’un, il y en a d’autres qui doivent aussi s’en mettre plein les poches dans l’autre camp. Car c’est la logique de la guerre. maintenant, je pense que si mr laloupo connaît bien la situation au nord ivoirien, il devra reconnaître que le scrutin n’a pas pu être transparent là-bas. Pour moi, oui, le conseil constitutionnel a bien fait d’annuler les régions où les voix ont été volées, les urnes bourrées. je n’aurais pas été d’accord s’il y avait eu le désarmement et la réunification du pays. mais je sais que dans ces conditions, les populations du nord, libérées de la rébellion qui met le pays d’houphouet à feu et à sang depuis une décennie, ne voteraient plus jamais pour leurs bourreaux et surtout pour le patron de ces bourreaux. vive gbagbo, réel vainqueur du scrutin du 28. ADO DEGAGE !!!!

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  3. simon elharrar 28 février 2011 à 17 h 06 min

    bonjour bernard – ravi que tu t’interesses aux opinions de monsieur laloupo – s’il les propose en ligne c’est pour susciter un débat, contradictoire bien entendu : ta réplique relève de la simple méchanceté – d’abord, il te faut choisir : soit son avis est « insipide » et donc « consensus mou » soit il est « partisan » et pas « consensus mou » – ensuite, si tu deviens un lecteur déçu, tu trouveras certainement ailleurs de quoi te satisfaire, non ? – pour ma part, et par principe, je préfère consulter des opinions qui ne sont pas les miennes : cela stimule les deux seuls neurones qui me restent vaillants – je fais une exception pour apprécier les avis de mr laloupo, mais je vais certainement trouver où placer un coin dans ses raisonnements, bientôt, pour le plaisir et par principe – ce début de réponse, bernard, te dit qu’il est assez aisé d’être agressif ou ironico-sardonique – la démocratie, quelles que soient les affirmations de ceux qui pérorent, est chose difficile et fragile – comment exiger d’un jeune continent qu’il la pratique mieux que la vieille europe qui en est loin encore ? l’urgence est dans la sauvegarde des vies ruinées ou raccourcies par les « réactions tribales » actuelles, non ? restons vivants : on causera après …

  4. nanwlè idjolè 28 février 2011 à 19 h 45 min

    Mr Laloupo je vous salue avec beaucoup de déférence mais permettez moi de vous faire part de mon inquiétude quant à la manière dont vous analysez la crise ivoirienne. Vous êtes professeur de géopolitique. Si c’est bien vrai, je pense que personne mieux que vous ne saurait déceler les enjeux de cette crise. Je ne suis de ceux qui pensent qu’on devrait laisser gbagbo exercer son mandat de 5 ans en paix pour une fois . je souhaite expliquer ma position à ce sujet en posant une série de questions simples.
    les élections/ on se rappelle que pendant la campagne le domicile du Dr issa malick a été incendié au nord simplement parce qu’il était représentant de gbagbo. des maisons ont été incendiées parce sièges de lmp. des véhicules du cortège de koné dossongui ont été cassés parce que jugé pro gbagbo. sans compter les menaces et intimidations dont ont fait l’objet les militants de lmp. gbagbo lui même ne pouvait pas aller faire campagne librement dans le nord alors que son rival se promenait librement sur tout le territoire du nord au sud sans être inquiété. alors dites moi après tout ce que je viens d’énumérer si vous jugez que les élections ont été justes et équitables? pouvait-on faire des élections ouvertes, transparentes, impartiales sans désarmement? et pourtant l’accord de ouaga avait dit que le désarmement devait avoir lieu 2 mois avant les élections.
    la proclamation des résultats/ mr bakayoko a 23h45 devant les cameras de la rti et des jounalistes du monde entier a dit que la cei n’avait pas encore fini de délibérer. à une journaliste qui s’inquiétait du délai il a répondu:  » il n’est pas encore minuit » et l’a rassurée qu’il sera prêt avant l’expiration de ce délai. même alassane dans un courrier adressé à la cei s’est inquiété du risque de voir le dossier passer dans les mains du conseil constitutionnel si celle ci ne donnait pas les résultats dans les délais. alors après tout celà, trouvez vous normal que le même bakayoko aille proclamé résultats tout seul, hors délai, dans le QG d’alassane (chose qu’il prétend ignorer ce dont je doute fort étant donné la position qu’il occupe au rhdp), en l’absence des représentants des deux candidats, en l’absence de le rti, devant les chaines étrangères, en présence de choï, des plusieurs ambassadeurs étrangers (tout ce monde là prétendant se trouver là par pur hasard)? ça ne fait pas un peu trop tout ça?
    la prestation de serment/ par écrit adressé un samedi et avant même d’obtenir la réponse du destinataire. et le lundi qui suit il dissout ce même conseil constitutionnel par un décret pris en tant que « président » de la république. alassane est le premier détracteur de la politique de gbagbo mais pourtant il reconduit soro qui est le chef du gouvernement et donc premier responsable de cette politique qui est tant décriée. pourquoi?
    alassane serait-il au dessus des lois ivoiriennes. comment pet-il recuser la décision rendue par cette institution arguant qu’elle serait à la solde de gbagbo et ecrire à cette même institution pour prêter serment. je ne sais comment le professeur de géopolitique que vous peut expliquer celà. c’est parce qu’il s’est senti fort, bénéficiant de l’appui de puissances étrangères qu’il a osé se conduire de cette façon. c’est lui le véritable auteur du « braquage électoral » dont on accuse gbagbo.
    vous qui enseignez la géopolitique vous savez très bien que les puissances n’ont que faire du sort des ivoiriens. la preuve toutes les sanctions infligées au pays ne font que faire souffrir les populations. embargo sur le cacao (pauvres paysans), fermeture des banques (pauvres ivoiriens). pour un peuple qu’il prétend aimer et vouloir sortir du goufre, je pense que alassane y va un peu fort. et depuis le pauvre gbagbo se démène dans tous les sens pour essayer d’abrèger les souffrances infligées injustement à son peuple tandis que alassane refléchit pour servir encore d’autres cruautés aux ivoiriens. on brûle des edifices, on attaque sur les fronts alors que officiellement on prétend laisser une dernière chance au panel, on égorge des innocents, on les brûle, on pratique la guerilla, on brule les bus, les maisons des pauvres gens, les voitures et j’en passe. il est entrain de reussir ce qu’il nous a toujours promis: rendre le pays ingouvernable si il ne peut pas être président. je ne peux suivre un tel homme. c’est lui le vrai dictateur. voyez déjà ce qu’il fait au peuple alors qu’il n’est même pas encore président. il s’impose à la volonté de tous parce qu’il estime qu’il a raison, prêt à eliminer même tous ceux qui pensent qu’il n’a pas gagné. et si jamais il devient président alors avec tous les moyens dont un president peut disposer, le peuple n’aurait plus droit à la parole. cet homme a divisé le pays entre nord et sud, entre musulmans et chrétiens et que sais je encore. il a créé la rebellion chose qu’il refuse jusqu’à présent de reconnaître. puisse Dieu vous ouvrir les yeux pour que puissiez vous rendre compte que vous vous trompez d’ami. votre veritable ami c’est gbagbo.
    entre deux maux il faut choisir le moindre, moi j’ai choisi gbagbo parce que c’est le moindre mal.

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