Opinions, Humeurs et Géopolitique

Le blog de Francis Laloupo

Tunisie : Une révolte

J’avais projeté d’écrire ce court texte au début de la semaine, en complément de ma précédente contribution sur la crise tunisienne. Je fais amende honorable : j’avais ensuite reporté ce geste. Dès la publication du texte « La fin des silences », j’avais réalisé, au vu de l’accélération des événements et de leur mutation que, du point de vue analytique, il me fallait préciser la nature des troubles. Dans ce précédent texte, j’avais parlé de « manifestations », d’ « émeutes », et aussi mis l’accent sur la colère des foules. Or, dès que celui-ci a été publié, les troubles se sont transformés en un conflit de moyenne intensité, ayant grimpé d’un cran, eu égard aux nouvelles revendications clairement formulées.

Ce qui se présentait, au départ, comme la réclamation d’une amélioration des conditions matérielles de l’existence, s’est transformé en une revendication politique, une dénonciation, non plus masquée ou suggérée, du système Ben Ali. De fait, une nouvelle séquence de la crise s’est révélée, jusque-là encore, indiscernable. Il fallait bien prendre acte de la réalité des faits : plutôt que des manifestations, ce qui se déroulait là était bien une révolte. Simplement, intensément, irrésistiblement. Une révolte, exactement. Un soulèvement populaire. Une insurrection. Donc, forcément légitime.

Et, dès lors que ce tournant était choisi par le peuple tunisien, tout devenait possible, dans un rapport des forces désormais assumé de part et d’autre. Soit le pouvoir commettait le pire en choisissant l’aveuglement, soit s’imposait, au bout de ce face-à-face entre le peuple et ce pouvoir, l’infrangible légitimité de l’aspiration populaire. Toutefois, même les plus optimistes n’auraient osé parier sur cette issue aussi soudaine, ce départ précipité de Zine el-Abidine Ben Ali, en ce vendredi 14 janvier. Qui aurait pensé que le fruit était à ce point mûr, pour choir ainsi, inopinément ? Paraphrasons donc Charles Chaplin, et disons que pour les peuples, le temps est le plus grand des auteurs : c’est lui qui écrit les meilleures fins.

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